PAC : tribune de la FNCuma, Trame, Réseau Civam et 15 chercheurs pour défendre l’agriculture de groupe

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Alors que les discussions se poursuivent pour élaborer le plan stratégique national, la FNCuma, Trame et Réseau Civam, soutenus par 15 chercheurs ont souhaité rappelé la nécessité d'un réel soutien à l'agriculture de groupe dans le cadre de la prochaine PAC.

Cette tribune a été publiée le 18/05/2021 dans Ouest France (lien vers la tribune):

PAC : les grands défis se relèveront collectivement

Dans le “monde d’après” qui a suivi 1945, la France a eu à répondre à l’immense défi de production et de relance économique du secteur agricole. Ce défi a pu être relevé grâce à un formidable élan de solidarité et d’entraide, et la constitution de structures collectives pour répondre aux profondes transformations liées à la mécanisation de la production. Dans les années suivant le mouvement de mai 1968, des initiatives associatives ont accompagné le “retour à la terre” de jeunes urbains partis s’installer dans les zones rurales. Depuis des dizaines d’années, ces collectifs quelles que soient leur forme juridique (GEDA, Civam, Cuma, coopératives, associations….) font évoluer l’agriculture en lien avec les projets des exploitations, les enjeux sociétaux, environnementaux, alimentaires et énergétiques. Ils ont défriché des nouveaux systèmes de productions, recherché des modèles plus autonomes et économes, accueilli et accompagné des installations hors cadre familial, développé des circuits courts et de nouvelles formes de coopération territoriale. Toutes ces initiatives collectives, qu’on appelle “agriculture de groupe”, sont parties prenantes d’une économie sociale et solidaire.

A l’aube d’une nouvelle PAC, nous devons répondre aux grands défis du changement climatique, de la protection de l’environnement , du renouvellement des générations et de la sécurité alimentaire. Qui peut croire que des “petits pas” suffisent pour assurer un vrai changement d’échelle? Un nombre croissant d’études scientifiques démontre l’impact des collectifs d’agriculteurs, l’échelle seule de l’exploitation ne permettant pas une action écologique efficace. Le passé l’a montré : les initiatives collectives permettent  de relever les grands challenges.  Le collectif est un incubateur, un cadre de dialogue, d’accompagnement et de changement. Il n’y aura pas de transition agricole sans considérer aussi les modèles de travail et de collaboration entre agriculteurs. Les Etats Généraux de l’alimentation en 2017 l’ont réaffirmé : « Parce qu’on est plus forts, plus résilients ensemble, parce que le collectif permet des économies d’échelle partagées, des expérimentations mutualisées, une diffusion et une confrontation des savoirs, autour d’un projet commun, le groupe doit être favorisé par toutes les politiques publiques de soutien à la transition agricole ». 

Nous serions à contre-courant des leçons de la crise que nous traversons si nous ne pensions pas que la solidarité a été et reste une réponse fondamentale face à l’isolement des individus, à une économie prédatrice, et à des défis qui nous dépassent individuellement, y compris dans l’agriculture. Loin d’être seulement un idéal, la solidarité entre agriculteurs constitue aussi une voie pragmatique. Elle permet de lutter contre la course à l’investissement individuel dans les exploitations agricoles qui ne peut être soutenable pour les finances publiques, et pour notre bilan carbone. Elle sera demain une solidarité à travers des projets alimentaires territoriaux impliquant plus largement collectivités, citoyens, agriculteurs. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement un réel soutien aux collectifs en agriculture dans la prochaine Politique agricole commune. 

Signataires :

Luc Vermeulen, Président FNCuma
Francis Claudepierre, Président de Trame
Fabrice Bouin, Président Réseau Civam

Et 15 chercheurs:

Bertrand Valiorgue, Professeur de gouvernance et stratégie d’entreprise, Université Clermont Auvergne
Claire Ruault, Sociologue, Gerdal
Damien Rousselière, Professeur d’économie, Institut Agro
Gaël Plumecoq, Chargé de recherche en économie, INRAE
Marc Moraine, Docteur Agronomie, INRAE
Véronique Lucas, sociologue rurale
Pauline Lécole, économiste, Institut Agro, Montpellier Supagro
Amélie Gonçalves, Ingénieure de Recherche en économie
Pierre Gasselin, Géographe, INRAE
Xavier Coquil, Ingénieur de recherche
Floriane Clément, Chargée de recherche en géographie, INRAE
Marion Charbonneau, Maîtresse de conférences en géographie
Hélène Brives, enseignante chercheure en sociologie
Simon Cornée, Maître de conférences (sciences de gestion) Université de Rennes 1 / CREM CNRS
Tristan Douillard, Doctorant en géographie de l’environnement Université Paris 1