Désherbage mécanique : enquête sur l’usage des outils en Cuma
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Une enquête menée dans 15 Cuma des Landes et des Pyrénées-Atlantiques révèle un constat contrasté : si les herses étrilles, houes rotatives et bineuses sont bien présentes dans les ateliers, leur usage reste limité. Organisation du travail, efficacité perçue et habitudes freinent leur adoption.
La Fédération des Cuma 640 a conduit une enquête terrain auprès de 15 CUMA disposant de matériels de désherbage mécanique (bineuses, herses étrilles, houes rotatives).
Objectifs
Il est d’identifier les freins à l’utilisation de ces outils, souvent sous-employés, malgré leur intérêt agronomique et environnemental. Cette démarche vise à ouvrir un dialogue avec les Cuma pour mieux comprendre les blocages, les besoins et les pistes d’action collectives.
Cette enquête s’inscrit dans une dynamique plus large de réduction de l’usage des herbicides et de valorisation des équipements partagés dans les territoires.
Résultats
Les herses étrilles : un potentiel encore peu exploité
Trois Cuma ont investi récemment dans des herses étrilles (2018-2022), pour un coût compris entre 6 470 et 14 000 €, subventionné à 40 %. Les tarifs facturés varient de 7,5 à 18 €/ha.
Pourtant, sur les sept adhérents interrogés, quatre ne les utilisent pas. Ils jugent le désherbage chimique plus efficace, avec moins de passages et donc moins coûteux. Les risques de pertes de pieds et la difficulté à caler le passage au bon moment renforcent leur scepticisme.
Seuls trois adhérents y recourent, dont deux en bio. Mais même chez eux, les résultats sont jugés inégaux, parfois inférieurs aux attentes. Tous soulignent néanmoins l’importance d’un accompagnement technique et de démonstrations pour améliorer la maîtrise de l’outil.
Les houes rotatives : un outil cantonné à l’écroûtage
Cinq Cuma disposent d’une houe rotative, acquise entre 2006 et 2024 pour des prix allant de 2 019 à 17 550 €. Là encore, l’usage reste marginal. Quatre agriculteurs sur sept n’y recourent jamais, invoquant la bonne efficacité de leur itinéraire chimique et un manque de temps.
Trois agriculteurs l’utilisent sur 44 hectares, bien en deçà des 183 hectares potentiels. Ils mettent en avant la simplicité de l’outil et son intérêt pour l’écroûtage après de fortes pluies, notamment sur maïs et soja. Mais la perte de pieds et une efficacité inférieure au chimique limitent son attractivité.
Les bineuses : l’outil le plus présent mais secondaire
Douze bineuses, réparties dans huit Cuma, font de cet outil le plus représenté. Leur prix varie entre 2 800 et 29 000 €, avec des facturations autour de 9,5 €/ha.
Ici, la satisfaction est forte : les adhérents apprécient le résultat en termes de désherbage mais aussi l’effet d’aération du sol et de vigueur des cultures. Pourtant, seuls 46,5 hectares sont effectivement binés sur les 146 engagés, et 670 hectares pourraient l’être.
Le frein majeur reste l’organisation du travail. Souvent seuls sur leur exploitation, les adhérents privilégient le pulvérisateur, jugé plus rapide et sûr, notamment pour le maïs. La bineuse est davantage utilisée en rattrapage ou sur tournesol. L’ajout de guidage RTK et un accompagnement technique sont perçus comme des leviers d’amélioration.
Une adoption freinée par le temps et les habitudes
Au-delà des caractéristiques techniques, l’enquête souligne surtout l’importance de l’organisation du travail : peu de main-d’œuvre, des fenêtres d’intervention étroites et une priorité donnée à l’efficacité. Le désherbage mécanique reste perçu comme plus contraignant, même si ses bénéfices agronomiques et environnementaux sont reconnus.
Pour lever ces freins, les pistes évoquées sont claires : formations, démonstrations, appui technique et accompagnement au réglage. Mais aussi, à plus long terme, l’évolution de la réglementation sur les herbicides, qui pourrait inciter davantage d’agriculteurs à franchir le pas.